Alexander Ketele fut invité en résidence à Sars-Poteries en 2014, suite à un appel à projet autour de la commémoration de la Première Guerre mondiale. Cette thématique a poussé l’artiste à s’intéresser de plus près aux paysages tru és de trous d’obus dans la région de Vimy (Hauts-de-France). Toutes les bosses et les cavités que l’on observe sont en fait les traces de bombes ou de tranchées, séquelles de ce conflit qui a ensanglanté le nord de la France. Cette période horrible a laissé des traces dans nos mémoires et aussi dans notre environnement. Ce sont justement ces cicatrices du passé qui intéressent l’artiste.
Alexander Ketele, sculpteur belge né en 1954, observe les interactions entre la matière, l’espace et la forme. Il trouve dans la nature un nombre illimité de formes et de rythmes divers grâce auxquels il peut enrichir son expérience de la connaissance des formes et nourrir son inspiration.
C’est ainsi qu’il transforme les plaies béantes que le temps a laissé dans la nature en une nouvelle dynamique. La nature devient pour lui un témoin silencieux du passé par les cratères de bombes ou les tranchées qui ont modi é le paysage en 1917. Les principes abstraits de la sculpture permettent à l’artiste d’exprimer ses idées et de donner une vitalité spirituelle qui est émouvante.
Très bon dessinateur, Alexander Ketele s’exprime d’abord au crayon, au pinceau. Il cherche la relation entre le mouvement, l’espace et puis la matière. Il dessine l’histoire, observe les formes naturelles, extrait les idées initiales avant de passer à la sculpture. Il fait ensuite dialoguer les matériaux, cherche l’harmonie et l’équilibre des formes.
Le sculpteur analyse la force de cette empreinte du passé, trouve le mouvement. Alexander Ketele réalise une composition avec des formes en tension dans une relation spatiale et il traduit cette dynamique dans sa sculpture avec un message d’espoir pour l’avenir.
Le verre a intrigué l’artiste par sa transparence et son pouvoir d’absorption et de ré exion. Il vient saisir toutes les nuances de l’empreinte de la terre dans le paysage et de l’histoire qui se dessine naturellement. Le mouvement généreux et ondulé donne l’envol vers le futur et la vitalité à la sculpture. Il est soutenu par la force et la rectitude du métal – brut, résistant, comme les lignes noircies dans les dessins. Ensemble, verre et métal donnent une nouvelle force et la sculpture entre en dialogue avec son environnement. Le sculpteur utilise le rapport entre les masses, le pouvoir de la lumière naturelle pour créer des formes éphémères dans un jeu d’ombres et de lumière inépuisé, donnant ainsi une dimension spatiale et temporelle renouvelée à l’œuvre.
Mémoire du paysage, mémoire de l’homme est une œuvre dont la forme est porteuse de mémoire, le verre permet de ger l’histoire et le métal vient souligner l’ensemble. Chaque matériau a ses qualités propres. La composition de pièces di érentes travaillant ensemble existe pleinement dans une réalité spatiale. Le format de la sculpture vient donner un sens émotionnel, lié à la vision de l’œuvre.
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